L’économie le tournant du second tour de la présidentielle qui opposera Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Deux finalistes avec des visions souvent aux antipodes.
Ils s’opposent presque sur tout, sauf sur le sujet phare de la campagne : l’économie (le pouvoir d’achat). Pour aider les Français à surmonter des fins de mois de plus en plus difficiles, ils partagent un même logiciel : celui du quoiqu’il en coûte. Comme pendant le Covid-19, avec l’un ou l’autre à l’Élysée, l’État va continuer à signer des chèques aux ménages pour les soulager. Cette position a certainement joué en leur faveur. Sur la question du pouvoir d’achat, ils étaient jugés comme les plus crédibles, à égalité, dans un sondage réalisé avant le premier tour.
Emmanuel Macron – en tant que président sortant – avait les décisions de son gouvernement qui parlaient pour lui
La question de l’économie: dès cet automne le prix du gaz a été bloqué, la hausse de celui de l’électricité limitée à 4%. La facture à la pompe s’est allégée depuis le 1er avril avec des ristournes de 18 centimes sur le litre de carburant. Des mesures qu’il prolongera le temps nécessaire. La candidate de l’extrême droite a été la première à en faire un thème majeur de sa campagne pour attirer le vote des classes populaires, les grandes perdantes de la baisse du pouvoir d’achat.
Et elle leur promet des lendemains qui chantent avec des hausses de salaire substantielles. Plus 10% jusqu’à trois smic, avec une exonération des charges patronales pour encourager les hausses et l’exonération des cotisations pour les smicards. Enfin elle veut abaisser drastiquement la TVA. Notamment sur le carburant, la passant de 20 à 5,5%, dès le lendemain de son élection.
Réaliste (vis à vis de l’économie européenne) ?
Non c’est impossible, car le niveau de TVA est décidé au niveau européen. Elle devra donc commencer par négocier avec les Vingt-Sept avant de pouvoir l’abaisser. La candidate du Rassemblement national a beaucoup adouci son discours anti européen. Elle ne veut plus sortir de l’euro. C’est un virage à 360 degrés par rapport à ses deux candidatures précédentes.
Malgré cette évolution, on voit mal cette eurosceptique capable de retourner la majorité des Vingt-Sept sur un sujet aussi climato-sensible. L’UE est acquise à une TVA élevée sur l’énergie parce que cela fait partie des outils pour décourager la consommation, dans l’espoir in fine de diminuer les émissions de carbone.
L’Europe continue d’être un sujet opposant les deux vainqueurs du premier tour. Emmanuel Macron en fait un échelon prioritaire de sa politique de souveraineté économique tandis que Marine Le Pen pense d’abord « national » avec, par exemple, un fonds souverain français pour financer la réindustrialisation.
La réforme des retraites est un autre sujet sur lequel ils ont des propositions diamétralement opposées (économie)
Marine Le Pen veut accélérer l’âge du départ à 60 ans pour ceux qui ont cotisé 40 ans tandis qu’Emmanuel Macron veut au contraire le retarder à 65 ans. La candidate de l’extrême droite veut aussi réindexer les pensions sur l’inflation. Une rupture avec une pratique en vigueur depuis une trentaine d’années pour rehausser le pouvoir d’achat des aînés.
Le président-candidat, qui a raté sa réforme, propose, lui, une nouvelle version simplifiée, centrée sur l’âge. Cette réforme est basée sur le principe qui sous-tend tout son programme : la volonté d’encourager le travail. Il veut aussi que les bénéficiaires du RSA donnent de leur temps.
Enfin c’est le seul candidat à avoir l’ambition de revenir au plein emploi. Il se targue d’ailleurs d’avoir amorcé une baisse sensible du chômage. Toutes ces promesses ont été budgétées par les candidats mais leur évaluation respective est sujette à caution, la bataille de l’entre-deux tours portera sans doute sur le chiffrage de ces deux programmes.