Les MND sont caractérisées par une neurodégénérescence ; étymologiquement, ce mot est composé du préfixe « neuro- » qui désigne les cellules nerveuses, les neurones, et du radical « dégénérescence » qui renvoie au processus biologique de perte progressive de structures ou de fonctions, dans le cas d’un organe ou d’un tissu. Au sens strict, une maladie neurodégénérative est une condition pathologique affectant les neurones en les condamnant à une mort certaine. En pratique, ce terme recouvre un ensemble hétérogène d’affections de diverses populations de neurones du système nerveux incluant le cerveau et la moelle épinière.
Les neurones sont la brique élémentaire du système nerveux. Ils sont responsables du maintien des fonctions vitales de l’organisme comme la respiration, le rythme cardiaque, le rythme veille/sommeil, mais aussi des fonctions supérieures telles que le langage, l’apprentissage, la prise de décision, la motricité, les sens, etc. Chacune de ces fonctions est régie par un ensemble spécifique de neurones. Lorsque, dans une MND, un groupe de neurones est sélectivement détruit, cela provoque des symptômes très divers comme la perte de mémoire, une paralysie musculaire, des troubles mentaux, etc.
Les MND présentent une grande hétérogénéité aussi bien d’un point de vue symptomatique que physiopathologique. Les variations apparaissant d’une part entre les différentes pathologies et d’autre part entre les patients au sein d’une même pathologie rendent, évidemment, le diagnostic compliqué. De plus, il existe une très mauvaise corrélation entre la clinique et la neuropathologie, c’est-à-dire que les symptômes observés par le clinicien ne correspondent pas toujours aux affections neuronales retrouvées après des analyses biologiques comme lors des EMG, EEG, IRM, analyses de biopsies, ou prélèvements sanguins. La corrélation est également mauvaise entre la clinique et la génétique. En effet une mutation donnée peut engendrer divers symptômes et donner lieu à des progressions différentes. Quoi qu’il en soit, le diagnostic final ne pourra être validé définitivement que lors de l’examen post-mortem des patients [4].
Les multiples causes des MND sont encore largement inconnues [5]. Dans moins de 5 % des cas la maladie est due à une mutation dans un gène, qui peut être transmise à la descendance. Les 95 % restant sont des cas dit sporadiques, les patients n’ont pas d’antécédents génétiques familiaux, l’atteinte provient alors soit d’une mutation spontanée, soit de facteurs environnementaux ou d’autres facteurs encore inconnus Pour une même maladie, des cas génétiques et des cas sporadiques peuvent se présenter. À ce niveau on retrouve donc encore une grande hétérogénéité.
Certains cas sporadiques inexpliqués apparaissent de manière très restreinte géographiquement et temporellement. Ainsi, des facteurs environnementaux ont été mis en cause comme les pesticides, les métaux lourds, certains médicaments, des drogues addictives, ou même des virus [6]. Cependant les études épidémiologiques n’ont à ce jour pas encore pu démontrer clairement le lien entre certaines MND et ces facteurs. Pour certaines maladies comme la maladie d’Alzheimer le facteur âge a clairement été établi. En effet, plus les personnes sont âgées, plus elles ont de chance de développer la maladie. En plus de ces facteurs environnementaux, le stress a été pointé du doigt. Il pourrait créer une vulnérabilité accrue aux MND, mais les mécanismes ne sont pas encore élucidés [5, 7].
Les cas sporadiques seraient en réalité un mélange d’interactions génétiques et environnementales. L’expression de certains gènes ou mutations, favorisée ou défavorisée par l’action de certains facteurs environnementaux prédisposerait à développer telle ou telle MND. Cette susceptibilité génétique peut expliquer pourquoi dans un même environnement toxique certaines personnes développent une maladie et pas d’autres, ou différemment.
Mécanismes de mort des neurones
Si les causes de l’émergence des MND sont encore peu connues, les mécanismes de mort cellulaire ont été largement étudiés aussi bien chez l’homme que dans des modèles animaux de ces pathologies. Cependant, beaucoup de mécanismes ayant été proposés restent encore largement débattus au sein de la communauté scientifique. Cela est notamment dû à l’incroyable diversité des types de neurones affectés pouvant différer en termes de morphologie, de localisation, de rôle, ou de composition neurochimique ; mais aussi de la complexité de l’environnement dans lesquels ils se trouvent, le système nerveux.